Sa topographie:

Notre village, commune de la Communauté des Campagnes de l’Artois, occupe une surface de 986 ha, en amont de la Haute Vallée de la Lawe dont la source de ladite rivière est située au hameau de Rocourt en l’eau, un nom tout à fait approprié.

Village contrasté entre un plateau d’altitude moyenne de 150 m et de petites vallées (Garimelles, Aubigny, Rouge Croix, St Pierre, Vallée des Prêtres). Magnicourt présente une caractéristique de grand intérêt, pas pour les agriculteurs, mais pour tous les autres habitants, à savoir les pentes et leurs chemins.

Autres appellations liées à Magnicourt, des lieux dits évoquent l’altitude (Mont d’Houvelin, la Montagne, Mont d’Herlin, Mont d’Anzin).

Le substrat est crayeux, il date du secondaire, du crétacé…(conglomérats de galets à ciment calcaire du Cénomanien, craie grise du Turonien, craie blanche du Sénonien).

Des alluvions de fond de vallée et des limons couvrent l’ensemble.

La Lawe qui prend sa source à Magnicourt se jette dans la Lys à la Gorgue au terme d’un parcours de 40 km.

Son histoire:

L’histoire et la topographie se marient à merveille! Ce village en Y, donc en trois branches, est aussi une histoire en trois chapitres!

Rocourt appartenait au comté de St Pol sur Ternoise, Houvelin à l’Abbaye de St Amé de Douai et Magnicourt à l’évêché d’Arras.

Vue aérienne du centre du village

Mais l’origine de Magnicourt, un nom mérovingien ou carolingien, est très ancienne. Notre village se trouvait en pleine frontière linguistique, d’un côté vers le nord de Béthune d’influence germanique, d’où peut-être le nom d’un propriétaire dit Magny ou Maning, ou vers le sud d’influence romanisante (Magnus curtis) grand domaine. Origine ancienne, certainement en raison de l’ancienneté de l’église du 12ème siècle et dédiée à St Léger sachant que les églises dédiées sont des paroisses anciennes.

La découverte en 1976 d’un cimetière mérovingien de quelques 300 tombes confirme l’ancienneté du village. Ce cimetière date de la fin du 7ème siècle. Il révèle par l’orientation des tombes, deux périodes, une première mérovingienne, la seconde renvoie à l’évangélisation des campagnes grâce à une fibule retrouvée en forme de croix pattée, avec à l’intérieur une autre croix et sur les quatre branches le poisson, symbole chrétien. C’est l’objet chrétien le plus ancien dans le Ternois. Il est souligné par les historiens l’originalité de la « Voie de Zeure » qui pourrait être une ancienne oie gallo-romaine.

cimetière mérovingien magnicourt
Cimetière mérovingien de Magnicourt en Comté

La motte féodale de Rocourt daterait du 9ème et 10ème siècle. Construite à l’époque des pillages normands, que les rois carolingiens ne maitrisent pas, cette motte est le refuge de petits seigneurs locaux qui tentent de se mettre à l’abri.

motte féodale magnicourt

La motte féodale de Houvelin, notée sur les plans napoléoniens « la Fertée », est la suite d’un habitat gallo-romain dans les « basses coutures ». Là résidait la seigneurie de Magnicourt qui appartenait au début du 17ème siècle à la Maison d’Ostrel. Le domaine fut vendu par décret du Conseil de Malines le 30 octobre 1651 au Seigneur de Melun.

En 1639, le Maréchal de la Meilleraye attaque le château, défendu par la garnison espagnole de Béthune, pille les habitants réfugiés et le détruit.

C’est le 21 Février 1790 que furent convoqués en l’église paroissiale, les « gens actives » pour désigner leurs élus. La fusion de hameaux en une seule commune sera mise en oeuvre lors de la Révolution.

L’église est une œuvre architecturale, la tour carrée date du 12ème siècle. Repérez les tores, ange rieur et ange pleureur sur la corniche, l’emplacement d’une porte avec l’emplacement des armes seigneuriales, la trace d’une cheminée, et bien d’autres organes de défense.

L’église Saint-Léger de Magnicourt-en-Comté

La cloche a une histoire digne de la Révolution. Inscription faite sur la cloche de Magnicourt en Comté (seule survivante des 3 cloches d’origine):

Cloche de l’Eglise, fondue par Garnier et Drouot et F Gorbier et assistant Maurice Coeur Lejeune.

 » L’an 1789 au mois de juin, j’ai été nommée Vedastine Joseph par sire Vaan Dehee, prêtre chanoine régulier de l’abbaye du Mont Saint Eloi et prieur titulaire du prieuré d’Aubigny dépendant de la dite abbaye en cette qualité seigneur principal de Magnicourt en Comté ayant seul les droits honorifiques dans l’église dudit lieu et Mademoiselle Marie Anne Josephe Leclercq, fille du sieur Jan Batiste Lieutenant et de dame Marie Barbe Lefebvre son épouse, moi et mes soeurs nous appartenons à l’église de Magnicourt en Comté« 

Dans le bas de la cloche, en relief, figure l’effigie de la vierge, un crucifix du Christ et Saint Léger.

La 1ère Guerre Mondiale a permis aux Chasseurs Alpins de Chambéry de découvrir notre village pour leur repos sur la place actuelle du Jeu de Paume entre juin 1915 et Février 1916.

L’Histoire de Magnicourt en Comté fut au 19ème et 20ème siècle celle de la Brique puis de la Houille… sans oublier celle des agriculteurs.

Afin de conserver la mémoire de manière active, le nom des rues du village rappelle l’histoire locale à l’exception de la rue de l’Europe….celle d’une mémoire à venir.

Le 18 juin 2022, avec la signature de la charte avec l’Agence Régionale de la Langue Picarde, Magnicourt en Comté devient la premier village du Pas de Calais reconnu de la langue picarde (Chti).